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alcazar451
17 septembre 2005

Laïc solution? (Figaro 17/09)

RELIGION Un document va entériner une pratique courante

Le rôle des laïques reconnu pour célébrer les funérailles

Les évêques de France s'apprêtent à envoyer à Rome la traduction française d'un nouveau rituel catholique pour les funérailles. Dans ce texte qui devrait être disponible dans quelques mois, la place des laïques sera officiellement inscrite, même s'ils pallient déjà la raréfaction des prêtres depuis de nombreuses années. Envoyés en mission par leurs évêques, ils «président» ainsi les cérémonies, accueillant les familles, prononçant des homélies et bénissant les corps. Une pratique désormais entrée dans les moeurs mais que l'Eglise ne souhaite pas encore adopter pour les mariages.

Sophie de Ravinel

[17 septembre 2005]

En France, l'Eglise catholique affirme encore accompagner 80% des funérailles. Mais en raison du déclin du nombre de prêtres, ce sont désormais les laïques qui assument désormais cette mission et président ces cérémonies durant lesquelles aucun sacrement n'est administré. Ce phénomène en constante augmentation depuis dix ans ne sera officialisé que dans quelques mois, lorsque les évêques publieront un nouveau rituel des obsèques.

La traduction vient d'être envoyée à Rome pour approbation. «Ce texte, explique Mgr Robert Le Gall, aura le mérite de définir clairement le rôle et la place des laïques.» «Lorsqu'un prêtre est présent, précise le responsable de la liturgie au sein de la Conférence des évêques de France, il doit pouvoir célébrer la messe. Mais les familles doivent aussi comprendre les diocèses qui ne souhaitent pas des funérailles de première ou deuxième classe, avec ou sans prêtre.»

Depuis 1998, Annie Bras a «présidé» plus de trois cents funérailles dans l'église du Centre hospitalier universitaire de La Grave, à Toulouse. Envoyée en mission comme aumônier par son évêque après une longue formation, elle est restée cinq ans auprès des patients, ceux de l'hôpital et ceux de l'Institut Claudius Regaud de lutte contre le cancer. Une expérience «bouleversante» qu'elle vient de poser par écrit, dans un récit plein de franchise et de générosité. «Je ne pouvais pas garder pour moi la richesse de ces rencontres.»

Avant cette «soignante de formation» d'une cinquantaine d'années, il y avait un prêtre à l'hôpital. La succession n'a pas été facile. Une pétition a même été envoyée à l'évêque pour protester contre l'arrivée d'une laïque. «Mais par un très petit nombre de personnes, précise Annie Bras. Les mentalités ont ensuite évolué. Notre équipe était bien formée, le contact passait naturellement avec les familles et les malades.» «Peut-être même mieux qu'avec un prêtre totalement débordé», analyse celle qui n'a jamais eu «le sentiment de remplacer un prêtre». La présence de ces derniers est de toute manière indispensable pour les sacrements, qu'il s'agisse de la confession ou du sacrement des malades.

L'approche d'Annie Bras est partagée par Colette Isaac, qui célèbre des funérailles en zone rurale dans le village de Nernier (Haute-Savoie). Elle souligne que «grâce à l'engagement des laïques, l'Eglise catholique continue à vivre dans les campagnes». «Dans notre diocèse, ajoute-t-elle, l'évêque est même surpris du nombre de volontaires pour ce domaine des funérailles, riche en rencontres et lieu privilégié pour parler de Dieu.» Elle n'a jamais rencontré d'opposition à sa mission pastorale, «sauf peut-être de la part de familles de notables qui fréquentent assez peu l'église et sont facilement choquées par l'absence du prêtre».

Bernard Colin, maire du petit village de Gibomeix (Meurthe-et-Moselle), explique que «l'absence ou l'éloignement de ce personnage de confiance est comparable à la fermeture des bureaux de poste». Il le regrette et précise cependant que «les laïques font de belles célébrations de la parole». «A tel point que les non-pratiquants parlent d'une messe !»

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