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alcazar451
24 septembre 2005

Turkey or not Turkey....(Le Figaro 24/09/2005)

UMP A l'occasion de sa convention sur l'Europe, aujourd'hui et demain à Paris, le parti majoritaire fera à nouveau entendre sa différence avec Jacques Chirac

Sarkozy et VGE rouvrent le dossier turc
Nicolas Sarkozy clôturera demain la convention de l'UMP consacrée à l'Europe, «une vision, de l'action, des frontières». Cet après-midi, c'est Valéry Giscard d'Estaing qui prononcera son premier discours depuis le référendum du 29 mai. Les deux hommes réaffirmeront leur hostilité à l'entrée de la Turquie dans l'Union.

Charles Jaigu
[23 septembre 2005]

Le 12 septembre, Nicolas Sarkozy se rend à un rendez-vous avec Jacques Chirac, sorti quelques jours avant du Val-de-Grâce. Le président de la République fait le tour des sujets sensibles, et s'arrête un instant sur la question épineuse de la candidature turque à l'Union européenne. «N'en fais pas trop sur le sujet», conseille-t-il à son ministre de l'Intérieur. Nicolas Sarkozy lui répond qu'il y a entre eux «un désaccord fondamental» sur ce point, et il lui rappelle que cette divergence remonte au temps où Alain Juppé, alors président de l'UMP, a fait savoir à son ami «Jacques» que, pour une fois, le parti majoritaire ne serait pas «aligné» sur la position président.

L'actuel patron de l'UMP est donc bien décidé à essorer le débat sur la Turquie jusqu'à la dernière goutte. Il l'a fait lors du Conseil des ministres de la rentrée face à un Dominique de Villepin «embarrassé». Il l'a refait aux journées parlementaires d'Évian. Salué par des applaudissements à tout rompre, des pro-européens autant que des souverainistes, lorsqu'il a rappelé que l'une des grandes leçons à tirer du «séisme référendaire» était de mettre un coup d'arrêt au processus d'adhésion de la Turquie.

Avec la convention qu'il organise aujourd'hui et demain sur l'Europe – «une vision, de l'action, des frontières» –, voici pour Sarkozy une nouvelle occasion de transgresser les tables de la loi élyséennes. La date de cette convention ne doit rien au hasard : dix jours avant l'ouverture officielle des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Europe, le 3 octobre, à Bruxelles. «Le premier art en politique, c'est la maîtrise du calendrier», lance un proche du ministre d'État.

Pour être sûr de ses effets, le patron de l'UMP tenait particulièrement à la présence de Valéry Giscard d'Estaing. Mais il n'était guère besoin de trop le courtiser. L'ancien président de la Convention pour l'avenir de l'Europe, qui s'exprimera aujourd'hui pour la première fois publiquement depuis l'échec du référendum, veut dire «quand et comment reprendre la réforme des institutions» et, surtout, réclamer de l'Union une «position ferme et précise» sur la Turquie. «Il ne s'agit pas pour lui de pleurnicher ou de ressusciter la Constitution. Mais l'entrée de la Turquie est un sujet d'inquiétude fondamentale chez lui. C'est un peu son dernier combat», confie un parlementaire.

VGE sera en cela secondé par toute la puissance de feu de l'UMP. Au risque de provoquer encore une fois l'accrochage avec l'Élysée : «C'est un combat populaire en France, populaire à droite, et populaire à l'UMP. Comment renoncer à en parler sans perdre la face ?», se demande l'ex-ministre Patrick Devedjian. La question de l'arrêt des négociations doit être «mise sur le tapis», estime à son tour l'ancien ministre des Affaires européennes, Alain Lamassoure, coanimateur, avec François Fillon, de la convention : «Il ne faut pas commencer par la rénovation de nos institutions européennes, il faut d'abord que nous posions la question de nos frontières.» Et Nicolas Sarkozy, qui met toujours un point d'honneur à «briser les tabous», veut s'en prendre à cette «pudeur» des chancelleries européennes qui, depuis le début de la construction européenne, proposent une Europe des valeurs et de droits, mais jamais une Europe des frontières. A ceux qui pensaient que le Conseil européen du 17 décembre dernier avait fixé dans le marbre l'ouverture des négociations avec la Turquie, l'entourage de Nicolas Sarkozy répond qu'en renouvelant son refus de reconnaître la République de Chypre, le premier ministre turc a fourni cet été «l'occasion de reporter la date d'ouverture des négociations : il faut ou bien un changement de calendrier ou que l'alternative d'une autre forme d'association soit expressément indiquée à Ankara». Dominique de Villepin a d'ailleurs, au début du mois d'août, menacé l'ex-puissance ottomane de ne pas ouvrir les négociations d'adhésion si elle ne reconnaissait pas «l'un des membres du club dans lequel elle veut rentrer». Il lui aurait suffi de brandir son veto lors du Conseil européen du 3 octobre... Mais, cette liberté prise par le premier ministre avec la ligne proturque du président de la République a vite fait l'objet d'une mise au point de la part de Jacques Chirac. Selon l'entourage de Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac, lors du rendez-vous du 12 septembre, aurait même confié au président de l'UMP : «Dominique a dit une connerie».

C'est pourquoi, note un ami de Nicolas Sarkozy, le premier ministre s'est bien gardé, cette fois-ci, de prendre de vitesse son ministre de l'Intérieur, comme il l'avait fait avant la convention de l'UMP consacrée au «nouveau modèle social». Il faut dire que la Turquie est l'un des sujets de prédilection pour Nicolas Sarkozy depuis qu'il a pris la tête de l'UMP. Il défiait déjà le président de la République, en janvier dernier, en déclarant : «Si la Turquie était en Europe, ça se saurait.» En martelant encore une fois sa position sur la Turquie, Nicolas Sarkozy espère bien, ce week-end, mettre en porte-à-faux Dominique de Villepin, «ce gaulliste qui capitule devant les oukases d'une puissance occupante», conclut, cinglant, Patrick Devedjian.

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