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alcazar451

24 septembre 2005

Yapakmwakildi

Islam : Pour une prise de conscience à gauche (*)


samedi 17 septembre 2005, par Kébir JBIL


[1] Cette année a vu la naissance du Parti Musulman de France à Strasbourg, présidé par Mohamed Latréche, proche des partis néo-nazis, ainsi que l’alliance aux municipales de Tourcoing entre la tête de liste RPR Christian Vaneste et Salim Achiba représentant la communauté musulmane. Voir http://www.mmlf.org/article.php3 ?id_article=219

[2] L’extrême gauche et une partie de la gauche socialiste ont favorisé l’entrisme des islamistes au sein du Forum Social Européen. Ainsi, en 2003 à Paris, l’Islam politique fut consacré. Puis en 2004, à Londres grâce au soutien des gauches et en particulier du Maire de Londres, les islamistes ont transformé le FSE en tribune de propagande où même ATTAC, initiateur du projet fut évincée. Voir à ce sujet notre article expliquant la stratégie d’une entre l’extrême gauche et les islamistes http://www.mmlf.org/article.php3 ?id_article=309

[3] « J’éprouve de la colère à l’idée qu’un député de notre République stigmatise publiquement 10% de la population de la France » : extrait de la lettre de Bertrand Delanoë à Philippe de Villiers datant du 25 juillet 2005

[4] Ce slogan ne reflète qu’une pure réal-fiction et n’engage d’aucune façon la gauche

[5] L’Humanité du 1er octobre 2002

En entrant en campagne pour les présidentielles de 2007, Philippe de Villiers a astucieusement excité une partie de la gauche bien-pensante, qui se positionne toujours contre, ce qui lui évite de prendre le risque de formuler un projet, que d’ailleurs elle ne détient pas. Comme à son habitude, le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples a ouvert les hostilités en citant à comparaître le Président du Mouvement Pour la France pour « incitation à la haine raciale ».
Les uns reprochent à De Villiers d’avoir déclaré que « nous ne pouvons pas continuer à assister à l’islamisation progressive de la France ». D’autres lui reprochent d’avoir dit que « l’Islam est le terreau de l’islamisme et l’islamisme est le terreau du terrorisme ».

Que le lecteur ne s’y trompe pas. Nos propos ne visent nullement un quelconque soutien aux thèses globales du MPF, qui sont à l’opposé des nôtres, mais de pointer le populisme d’une certaine gauche, qui pour ratisser dans l’électorat musulman sacrifie précisément ceux des musulmans qui luttent contre la composante intégriste, au profit des musulmans fanatiques.
Nous ne reviendrons pas sur le MRAP dont la direction nationale s’est transformée en officine de lutte contre le blasphème -exclusivement à l’encontre de l’Islam-, et n’a de loin rien à envier à l’extrême droite en matière de propos dangereux.

Islamisation de la France



La gauche bien-pensante semble moins bien connaître le Coran que Philippe de Villiers. La religion musulmane est en effet prosélyte et c’est même une obligation religieuse que de prêcher la bonne parole auprès des égarés. Tous les exégètes reconnus l’admettent : L’islamisation de la France est une nécessité pour réaliser le projet ultime : la Oumma.
Il n’y a rien de choquant pour un musulman dans ces propos. C’est d’ailleurs l’argument essentiel qui fait que l’électorat musulman ne peut être conquis que par des partis soutenant les islamistes, à savoir, l’extrême droite qui opère depuis 1997 [1] des rapprochements au plan local avec l’islam politique, et depuis quelques années, l’extrême gauche qui a abandonné son athéisme pour grossir ses rangs d’un nouveau prolétariat [2] incarné par les musulmans.

Concernant les islamistes et l’extrême droite, libération titrait dans son édition du 17 janvier 2004 « Quand certains extrémistes de droite sont séduits par le look barbu », où l’on peut lire « Une conjonction d’intérêts rapproche aujourd’hui certaines franges (...) issues des milieux islamistes et de l’extrême droite la plus dure ».

Par ailleurs, les propos du Président du MPF sont tièdes en comparaison à la réalité prônée par les prédicateurs. Il s’agit, en parallèle de l’islamisation qui est un devoir de tout musulman et dont le but est d’agrandir la Oumma, de manière pacifique si possible, de réislamiser les populations nées ou de parents nés dans des pays musulmans. Là encore, le terme n’est aucunement choquant pour les exégètes les plus en vogue, puisque le courant musulman le plus actif étant de tendance fondamentaliste -Salafisme, Wahhabisme, et Frères musulmans-, le musulman de filiation maghrébine est considéré comme « mauvais musulman », et devant être ré-islamisé.

Aussi, s’il y’a des propos irresponsables et condamnables, ce sont ceux qui n’osent pas dénoncer « l’islamisation de la France ». Et ce, pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, parce que l’islamisation est actée de manière générale -l’Islam étant expansionniste, il ne souffre aucune concurrence- depuis 14 siècles par la révélation, ne pas reconnaître son prosélytisme comme essentiel à son existence, revient à tenter de réviser les paroles divines. En d’autres termes, la gauche et l’extrême gauche se positionnent eux-mêmes en négateurs de Coran, et donc en blasphémateurs, qu’en Arabie Saoudite, au Soudan ou en Iran, on aurait promis à la lapidation publique. Il va sans dire que la France ne disposant pas encore de « Charia Court », les lapidations se feront aux urnes.

Ensuite, parce que nier la progression de l’Islam en France depuis 30 ans relève de l’amnésie, du mensonge ou de l’inconscience. La prolifération de burkas en région parisienne ne sont pas le fait du hasard, mais bien d’une stratégie programmée et réalisée avec une haute efficacité.
Il ne s’agit pas ici de condamner les musulmans, mais d’énoncer les faits. En France aucune région n’est épargnée, même si les records sont momentanément détenus par les grandes villes telles que Paris, Lyon, Marseille, Strasbourg, Lille, les islamistes avouent d’eux-mêmes travailler afin de répandre l’Islam partout en France.
La même méthode est à l’œuvre chez nos voisins européens.

Et enfin, ne pas se préoccuper de l’islamisation rampante de la France revient à sacrifier des franges de populations non communautaristes, dans lesquels on trouve pêle-mêle des maghrébins musulmans, athées, agnostiques, sans compter la majorité « française de souche » qui se sentira trahie par cette préférence communautariste. Les français dans leur ensemble sont d’ailleurs choqués de voir nos élites laïques commettre de graves erreurs de spéculations démographiques. Entre les 5 millions de musulmans de Sarkozy et les 8 millions du FN, vient se positionner Delanoë en annonçant dans sa lettre à De Villiers, 10% de musulmans dans la population française [3], soit plus de 6 millions. A ce train là, pour endiguer le chômage, les gauches finiront par adopter le slogan non encore imaginé par l’extrême droite islamiste, mais que je vous livre en exclusivité : « Pour éradiquer le chômage c’est simple. Il y’a 10% de chômeurs et 90% de non musulmans » [4].

Islam et terrorisme

En tant que musulman, j’affirme que l’islamisme ne peut naître que de l’Islam. C’est même ridicule de penser le contraire.
En tant que musulman, j’affirme que l’intégrisme musulman ne peut naître que de l’Islam, et c’est tout aussi navrant que de savoir qu’il puisse y avoir polémique à ce sujet.
En tant que musulman, j’affirme que l’islamisme est générateur de terrorisme, et je défie quiconque de me démontrer le contraire.

Oui, l’Islam est le terreau de l’islamisme. Oui, l’islamisme est le terreau du terrorisme. Nier cette réalité est avant tout prendre position contre la majorité des musulmans lucides qui n’aspirent pas au jihad, et privilégier la takia largement utilisée par les islamistes : Faire la guerre en feignant de promouvoir la paix.

Aucun des meurtriers, aucun des terroristes au nom de l’Islam ne regrette son geste. La fidélité à la révélation est la règle. « Je suis un moudjahid. J’appartiens au GIA, avec un grand G, un grand I et un grand A. Un moudjahid n’a peur que d’Allah ", lançait Boualem Bensaïd au substitut du procureur, Irène Stoller, lors de son premier procès en juin 1999. » [5]
Plus près de nous, l’assassin de Théo Van Gogh a affirmé que son acte a été commandé par Dieu, et qu’il ne regrettait rien. Refusant de se défendre et menaçant de recommencer s’il était libéré, il a réclamé l’application de la peine de mort à son encontre afin de mourir en martyr.

L’assertion « l’Islam est le terreau de l’islamisme, et l’islamisme est le terreau du terrorisme » est vérifiée par le témoignage des musulmans. Comment peut-on la nier en prétendant défendre ceux qui la soutiennent ?

La prise de conscience s’impose aux politiques

C’est en réalité servir l’extrême droite que de ne pas s’approprier les problématiques concernant l’Islam. De même que pour l’immigration, c’est au contraire rendre service aux musulmans que de dénoncer les dérives liées plus ou moins directement à l’Islam. Nos élites ont l’obligation de prendre à bras le corps ces questions, et s’armer de courage pour leur apporter les réponses adéquates. La tâche n’est pas facile eu égard à l’amalgame entretenu par certains qui associent toute critique de l’Islam ou de l’islamisme au racisme et profèrent des fatwas anesthésiantes.

Le parti socialiste est hautement concerné par cette exigence de prise de conscience s’il ne veut pas reproduire les graves erreurs commises par Mitterrand en manipulant l’immigration pour créer un adversaire, précisément le Front National. L’électorat musulman n’est pas le même que l’électorat immigré des années 80. Moins fiable, il ne résonne pas en termes de racisme, il se positionne en faveur de celui qui lui garantit le plus d’éloignement possible des principes républicains, et le plus de rapprochement possible du communautarisme.
Le PS ne pourra donc que perdre son énergie, puisque cet électorat est une réserve naturelle de la droite dure, de l’extrême droite -à condition que les partis concernés modifient leur discours dans la forme-, ou de l’extrême gauche. Il est d’ailleurs regrettable que le rapport de Malek Boutih ait été enterré sans que la direction du parti socialiste ait pris la peine d’ouvrir un débat autour des questions judicieuses qu’il pose.

C’est la gauche de Malek que nous soutiendrons, et non un PS frileux, qui n’ose pas aborder les questions de fond.

* Ce texte a été communiqué au secrétaire général du parti socialiste

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24 septembre 2005

Le planning familial au paradis des travailleurs

En Chine, le planning familial du Shandong a imposé une violente campagne de stérilisation et d'avortement

LE MONDE | 23.09.05 | 13h35    Mis à jour le 23.09.05 | 14h10

PÉKIN de notre correspondant

Entre mars et juillet, dans un canton reculé de la province du Shandong, dans l'est de la Chine, quelque 7 000 Chinoises ont été stérilisées de force par des agents de l'organisation du planning familial tandis que d'autres ont accouché de bébés mort-nés après avoir reçu des injections de poison. L'une des victimes a raconté que le cadavre de son enfant a été, dès l'accouchement, plongé par les infirmières dans une bassine d'eau pour bien s'assurer de son décès.

Pourquoi ? Simplement parce que les responsables de cette région de Linyi avaient été tancés pour n'avoir pas su empêcher un nombre trop important de naissances, contrevenant à la politique dite de l'enfant unique. Il leur fallait réagir pour rétablir l'équilibre...

Cette information, publiée par le magazine américain Time daté du 19 septembre, vient d'être confirmée avec une surprenante rapidité par les autorités de la Commission de la population nationale et du planning familial (NPFPC). Certes, la presse chinoise ne s'est pas fait l'écho du scandale, mais l'agence de presse Chine nouvelle a publié des communiqués officiels à l'attention des étrangers dans son service en anglais.

Selon le porte-parole de la NPFPC, Yu Xuejun, l'enquête ouverte dans la province du Shandong a révélé que "les affirmations au sujet de cas d'avortements et de stérilisations forcées se sont avérées" . Le porte-parole a ajouté que "les coupables ont été démis de leurs fonctions. Certains sont l'objet d'une enquête, d'autres sont en détention" . Il a promis que des séances de sensibilisation "aux questions juridiques" vont être organisées pour le personnel des branches locales du planning familial afin d'empêcher que de tels abus ne se reproduisent.

Citant des avocats chinois, Time mentionne que des villageois du canton ont été battus à mort pour avoir essayé de protéger des membres de leurs familles qui se cachaient dans le but d'échapper à la stérilisation ou aux avortements forcés. La violence avec laquelle les officiels de Linyi ont voulu faire redescendre les courbes de la natalité rappelle les heures les plus noires de la mise en application de la politique de l'enfant unique, il y a vingt-cinq ans.

Cette politique malthusienne destinée à enrayer le spectre de la surpopulation ­ la Chine compte déjà plus de 1,3 milliard d'individus ­ a longtemps été impopulaire. Les exemples abondent de pratiques violentes à l'égard des femmes qui avaient ignoré les réglementations.

Les campagnes bénéficient toutefois d'un privilège par rapport aux villes : une deuxième naissance y est autorisée au cas où le premier enfant est une fille... (Les minorités ethniques, elles, bénéficient d'un régime encore plus "favorable").

En 2002, l'Assemblée nationale populaire a voté une loi assouplissant le contrôle exercé par l'Etat sur la famille, alors que d'autres espaces de liberté individuelle gagnent du terrain en Chine. Selon la nouvelle loi, les couples sont autorisés à avoir plusieurs enfants à condition de payer une sorte d'impôt pudiquement baptisé "taxe sociale de compensation" . Il en coûte ainsi 600 euros pour pouvoir donner vie à un nouveau bambin. Les paysans restent financièrement incapables de débourser une telle somme, qui peut constituer jusqu'à deux, trois ou même quatre fois leurs revenus mensuels.

"La politique de l'enfant unique, même si elle a permis d'éviter 300 millions de naissances en vingt ans, a dressé beaucoup de gens contre l'Etat. En cela, elle est loin d'avoir été une réussite" , expliquait en 2002 un consultant chinois collaborant avec la Commission du planning familial.

Certains pouvaient penser que les pratiques coercitives de fonctionnaires paniqués à l'idée de ne pas respecter les quotas réglementaires avaient vécu. L'exemple du Shandong vient de prouver le contraire.

Bruno Philip

Article paru dans l'édition du 24.09.05

24 septembre 2005

La schizophrénie algérienne (Le Monde 24/09/05)

Le président Bouteflika mène campagne pour la "réconciliation" en Algérie

LE MONDE | 24.09.05 | 12h59    Mis à jour le 24.09.05 | 12h59

ALGER de notre envoyée spéciale

C'est une campagne marathon, à la limite du "matraquage", que mène ces derniers temps le pouvoir algérien, en prévision du référendum du 29 septembre. Ce jour-là, une "Charte pour la paix et la réconciliation nationale" sera soumise à la population. Elle proposera aux combattants qui auront déposé les armes une amnistie partielle. Ainsi serait tournée la page de la "décennie rouge" qui a vu s'affronter islamistes armés et forces de sécurité ­ et se poursuit sporadiquement ­, faisant quelque 100 000 morts et des milliers de disparus.

Jour après jour, le président Bouteflika sillonne le pays, appelant les électeurs "à être au rendez-vous" et promettant qu'"avec la paix, la sécurité et les efforts de développement économique, (...) le peuple algérien retrouvera son unité" . En parallèle, les ministres du gouvernement Ouyahia et la myriade d'associations satellites du pouvoir animent des meetings pendant lesquels chacun chante les mérites du président, "cadeau du ciel". Le soir, la télévision nationale retransmet ces concerts de louanges pendant de longues heures. "Trop, c'est trop", s'exaspèrent les intellectuels et les citadins. Dans le pays profond ­ où le M. Bouteflika bénéficie d'une indéniable popularité ­, les ruraux, quant à eux, accueillent avec enthousiasme le "raïs", lequel procède à des inaugurations en série (hôpitaux, barrages, routes, logements, etc.), espérées de longue date.

Trois figures ont toutefois réussi à faire entendre leur voix, cette semaine, et à ouvrir une brèche dans ce "débat à sens unique". Si leurs propos ont été boycottés par les médias publics, ils ont été largement reproduits par la presse privée écrite. "Est-ce que la charte va nous ramener la paix ? Non. Il y aura d'autres attaques après le 29 septembre. La charte ne réglera rien", a ainsi déclaré, mercredi 21 septembre, Ali Yahia Abdenour, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, au cours d'une conférence de presse tenue à Alger. Pour cet avocat de formation, le pouvoir algérien cherche, par ce texte, à obtenir les moyens "de tout faire, au mépris des lois, de la Constitution et des droits de l'homme" . Le même jour, mais à partir de Paris, le leader du Front des forces socialistes (FFS), Aït Ahmed, appelait ses concitoyens à un "boycott actif" du référendum du 29 septembre, qui consacrerait, selon lui, "un retour au pouvoir absolu" et serait le prélude "à une révision constitutionnelle" destinée à permettre à M. Bouteflika de briguer un troisième mandat. Le lendemain, à Alger, c'était au tour d'une autre figure historique de la guerre d'indépendance algérienne, Abdelhamid Mehri, de sortir de sa réserve. Pour cet ancien secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), le texte soumis au référendum "exclut tout débat et amendement".

Imperméable à ces critiques, le président Bouteflika continue sa campagne. Seul l'accueil que lui a réservé la Kabylie, lundi 19 septembre, a failli mal tourner. "Ulac smah ulac" (pas de pardon) ou encore "pouvoir assassin" scandait un groupe de jeunes, tandis que le président affirmait aux 5 000 personnes rassemblées devant lui, dans un stade, "nous sommes tous des amazighs [berbères]".

A Tizi Ouzou autant qu'à Batna, le surlendemain, M. Bouteflika a de nouveau invité la France à avoir "le courage et l'humilité de demander pardon" pour avoir "torturé, tué et exterminé" pendant sa présence en Algérie. Si beaucoup d'Algériens ne sont pas dupes de l'instrumentalisation de cette question, ils ne sont pas tous insensibles à ces assauts de nationalisme. "Les gens, ici, ont le patriotisme à fleur de peau, surtout à l'intérieur du pays. Sur quoi peuvent-ils se rejoindre, sinon la religion et le sentiment antifrançais ? sourit un journaliste qui suit M. Bouteflika dans sa campagne. Nous sommes schizophrènes à l'égard de la France. On l'insulte et on l'adore à la fois !"

Florence Beaugé

24 septembre 2005

Turkey or not Turkey....(Le Figaro 24/09/2005)

UMP A l'occasion de sa convention sur l'Europe, aujourd'hui et demain à Paris, le parti majoritaire fera à nouveau entendre sa différence avec Jacques Chirac

Sarkozy et VGE rouvrent le dossier turc
Nicolas Sarkozy clôturera demain la convention de l'UMP consacrée à l'Europe, «une vision, de l'action, des frontières». Cet après-midi, c'est Valéry Giscard d'Estaing qui prononcera son premier discours depuis le référendum du 29 mai. Les deux hommes réaffirmeront leur hostilité à l'entrée de la Turquie dans l'Union.

Charles Jaigu
[23 septembre 2005]

Le 12 septembre, Nicolas Sarkozy se rend à un rendez-vous avec Jacques Chirac, sorti quelques jours avant du Val-de-Grâce. Le président de la République fait le tour des sujets sensibles, et s'arrête un instant sur la question épineuse de la candidature turque à l'Union européenne. «N'en fais pas trop sur le sujet», conseille-t-il à son ministre de l'Intérieur. Nicolas Sarkozy lui répond qu'il y a entre eux «un désaccord fondamental» sur ce point, et il lui rappelle que cette divergence remonte au temps où Alain Juppé, alors président de l'UMP, a fait savoir à son ami «Jacques» que, pour une fois, le parti majoritaire ne serait pas «aligné» sur la position président.

L'actuel patron de l'UMP est donc bien décidé à essorer le débat sur la Turquie jusqu'à la dernière goutte. Il l'a fait lors du Conseil des ministres de la rentrée face à un Dominique de Villepin «embarrassé». Il l'a refait aux journées parlementaires d'Évian. Salué par des applaudissements à tout rompre, des pro-européens autant que des souverainistes, lorsqu'il a rappelé que l'une des grandes leçons à tirer du «séisme référendaire» était de mettre un coup d'arrêt au processus d'adhésion de la Turquie.

Avec la convention qu'il organise aujourd'hui et demain sur l'Europe – «une vision, de l'action, des frontières» –, voici pour Sarkozy une nouvelle occasion de transgresser les tables de la loi élyséennes. La date de cette convention ne doit rien au hasard : dix jours avant l'ouverture officielle des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Europe, le 3 octobre, à Bruxelles. «Le premier art en politique, c'est la maîtrise du calendrier», lance un proche du ministre d'État.

Pour être sûr de ses effets, le patron de l'UMP tenait particulièrement à la présence de Valéry Giscard d'Estaing. Mais il n'était guère besoin de trop le courtiser. L'ancien président de la Convention pour l'avenir de l'Europe, qui s'exprimera aujourd'hui pour la première fois publiquement depuis l'échec du référendum, veut dire «quand et comment reprendre la réforme des institutions» et, surtout, réclamer de l'Union une «position ferme et précise» sur la Turquie. «Il ne s'agit pas pour lui de pleurnicher ou de ressusciter la Constitution. Mais l'entrée de la Turquie est un sujet d'inquiétude fondamentale chez lui. C'est un peu son dernier combat», confie un parlementaire.

VGE sera en cela secondé par toute la puissance de feu de l'UMP. Au risque de provoquer encore une fois l'accrochage avec l'Élysée : «C'est un combat populaire en France, populaire à droite, et populaire à l'UMP. Comment renoncer à en parler sans perdre la face ?», se demande l'ex-ministre Patrick Devedjian. La question de l'arrêt des négociations doit être «mise sur le tapis», estime à son tour l'ancien ministre des Affaires européennes, Alain Lamassoure, coanimateur, avec François Fillon, de la convention : «Il ne faut pas commencer par la rénovation de nos institutions européennes, il faut d'abord que nous posions la question de nos frontières.» Et Nicolas Sarkozy, qui met toujours un point d'honneur à «briser les tabous», veut s'en prendre à cette «pudeur» des chancelleries européennes qui, depuis le début de la construction européenne, proposent une Europe des valeurs et de droits, mais jamais une Europe des frontières. A ceux qui pensaient que le Conseil européen du 17 décembre dernier avait fixé dans le marbre l'ouverture des négociations avec la Turquie, l'entourage de Nicolas Sarkozy répond qu'en renouvelant son refus de reconnaître la République de Chypre, le premier ministre turc a fourni cet été «l'occasion de reporter la date d'ouverture des négociations : il faut ou bien un changement de calendrier ou que l'alternative d'une autre forme d'association soit expressément indiquée à Ankara». Dominique de Villepin a d'ailleurs, au début du mois d'août, menacé l'ex-puissance ottomane de ne pas ouvrir les négociations d'adhésion si elle ne reconnaissait pas «l'un des membres du club dans lequel elle veut rentrer». Il lui aurait suffi de brandir son veto lors du Conseil européen du 3 octobre... Mais, cette liberté prise par le premier ministre avec la ligne proturque du président de la République a vite fait l'objet d'une mise au point de la part de Jacques Chirac. Selon l'entourage de Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac, lors du rendez-vous du 12 septembre, aurait même confié au président de l'UMP : «Dominique a dit une connerie».

C'est pourquoi, note un ami de Nicolas Sarkozy, le premier ministre s'est bien gardé, cette fois-ci, de prendre de vitesse son ministre de l'Intérieur, comme il l'avait fait avant la convention de l'UMP consacrée au «nouveau modèle social». Il faut dire que la Turquie est l'un des sujets de prédilection pour Nicolas Sarkozy depuis qu'il a pris la tête de l'UMP. Il défiait déjà le président de la République, en janvier dernier, en déclarant : «Si la Turquie était en Europe, ça se saurait.» En martelant encore une fois sa position sur la Turquie, Nicolas Sarkozy espère bien, ce week-end, mettre en porte-à-faux Dominique de Villepin, «ce gaulliste qui capitule devant les oukases d'une puissance occupante», conclut, cinglant, Patrick Devedjian.

24 septembre 2005

Turcs et génocide arménien (Le Figaro 24/09/05)

TURQUIE A quelques jours de l'ouverture des négociations d'adhésion
Les juges turcs refusent le débat sur le génocide arménien
A quelques jours de l'ouverture des négociations d'adhésion entre l'Union européenne et Ankara, Jacques Chirac s'est dit satisfait de la réponse apportée par les Vingt-Cinq à la Turquie après son refus de reconnaître Chypre. «La contre-déclaration de l'Union européenne répond aux préoccupations françaises», a affirmé le président français.

Istanbul : Marie-Michèle Martinet
[24 septembre 2005]

Le génocide arménien reste décidément un sujet tabou en Turquie. Pour la deuxième fois en moins de six mois, une conférence organisée conjointement, à ce sujet, par deux prestigieuses universités stambouliotes, vient d'être suspendue par la justice turque. Cette décision, prise à la veille de l'ouverture des négociations d'adhésion européenne de la Turquie prévue le 3 octobre, suscite de nouvelles interrogations sur la capacité d'Ankara à s'engager dans un véritable processus démocratique.

A l'occasion du 90e anniversaire du génocide arménien célébré en avril dernier, les universitaires turcs avaient cru possible d'ouvrir enfin le débat, en Turquie. L'idée était simple : inviter une soixantaine d'intellectuels critiques à exposer leur analyse sur les massacres de 1915, dont Ankara se refuse toujours à admettre le caractère génocidaire.

Programmée pour le 25 mai, la conférence fut suspendue à la dernière minute, sous l'impulsion du ministre de la Justice, Cemil Cicek, qui déclarait alors qu'un tel débat ne pouvait avoir lieu car il constituait une offense à la nation, un «coup de poignard dans le dos du peuple turc». Quelques mois plus tard, le même scénario vient de se reproduire : à la suite d'une plainte déposée par des juristes, le tribunal administratif d'Istanbul a annoncé jeudi soir la suspension d'une conférence dont l'ouverture était prévue pour le lendemain matin. «Nous regrettons vivement cette nouvelle tentative d'empêcher la société turque d'avoir un débat sur son histoire. Nous considérons également que le timing de cette décision, un jour seulement avant la date prévue de la conférence, ressemble à une nouvelle provocation», a déclaré hier la porte-parole du commissaire européen à l'Elargissement, Olli Rehn. Krisztina Nagy évoque également les «difficultés de la Turquie, et en particulier de son système judiciaire, à assurer une application réelle et constante des réformes».

On peut s'interroger sur les intentions réelles de ceux qui, en prononçant cette interdiction à quelques jours de la date cruciale du 3 octobre, compliquent indiscutablement la tâche des diplomates turcs, déjà embarrassés par la délicate question de la reconnaissance de Chypre. Veulent-ils purement et simplement saboter le dialogue difficilement engagé entre la Turquie et l'Europe ? Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, dont l'avenir politique reste très lié au succès des négociations, a condamné la décision des juges : «La cour a jeté une ombre sur le processus de démocratisation et sur les libertés dans mon pays», a-t-il déclaré, en s'interrogeant au passage sur les compétences du tribunal.

En décembre prochain, le romancier turc Orhan Pamuk, dont les livres sont publiés en France par Gallimard, sera jugé pour avoir affirmé, dans un journal suisse, qu'«un million d'Arméniens et trente mille Kurdes ont été tués en Turquie». Ces propos, considérés comme une insulte à l'identité turque, peuvent lui valoir une peine de six à neuf mois de prison, conformément au nouveau Code pénal.

Le Parlement européen a déjà fait savoir qu'il désignerait des observateurs pour s'assurer du bon déroulement de ce procès, ce qui exaspère de nombreux Turcs qui voient dans cette démarche une volonté d'ingérence de l'Europe : «Arrêtez de faire d'Orhan Pamuk un faux héros !» s'insurge Bedri Baykam, qui dirige le très kémaliste Mouvement patriotrique, proche du principal parti d'opposition CHP. Cet agitateur politique précise cependant qu'il n'approuve pas l'interdiction prononcée par la justice turque parce qu'elle «va faire du tort à la Turquie en flattant ses ennemis». Pour cette raison, «il aurait fallu qu'un vrai débat démocratique s'engage...» , regrette-t-il, en déplorant dans le même temps que les historiens défenseurs de la version officielle turque n'aient pas été invités à la conférence d'Istanbul.

Soucieux des conséquences de cette nouvelle crise arménienne qui ravive les crispations nationalistes dans le pays, Hrant Dink, le rédacteur en chef du journal bilingue Agos, publié en turc et en arménien, s'efforce de calmer le jeu : «Il n'y a rien à dire pour le moment, a-t-il prudemment déclaré. Il faut surtout garder son calme et réfléchir à ce qui vient de se passer.» Jusqu'à présent, la communauté arménienne de Turquie s'est déclarée favorable à l'adhésion à l'Europe, sachant qu'un tel ancrage serait la meilleure protection pour l'avenir des minorités dans le pays.

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24 septembre 2005

Retour sur Pierre Goldman (Le Figaro 24/09/05)

POLÉMIQUE Un livre et un projet de documentaire qui fouillent le passé du gauchiste condamné puis acquitté, avant d'être assassiné en 1979, révoltent famille et amis
L'embarrassant fantôme de Pierre Goldman

Pierre Goldman fut sans doute le personnage le plus emblématique d'une France qui paraissait prête, il y a trente ans, à basculer dans les années de plomb. Militant d'ultra-gauche autour de la Sorbonne, éphémère guérillero au Venezuela et plus prosaïquement braqueur de pharmacies dès son retour à Paris, il avait été arrêté, jugé, condamné à perpétuité pour un double meurtre qu'il niait farouchement, avant d'être finalement innocenté au terme d'un second procès, fort d'un comité de soutien qui réunissait toute l'intelligentsia de gauche. Il n'allait guère profiter de sa liberté recouvrée, tombant trois ans plus tard, le 20 septembre 1979, sous les balles d'un mystérieux commando. Il avait 35 ans et laissait derrière lui une jeune épouse enceinte. Vivant, il avait divisé la France autour de son cas – criminel de droit commun pour les uns, victime expiatoire pour les autres, tant en raison de ses options politiques que de sa judéité. Mort depuis vingt-six ans, il embarrasse encore les consciences, après la publication du livre (1) qui vient remettre en doute son innocence dans la mort de deux pharmaciennes. L'ouvrage devait être suivi d'un documentaire pour la télévision réalisé par le même auteur, Michaël Prazan. Dans ce but, il avait filmé les témoins – notamment des amis de Goldman. Or, depuis la sortie du livre, ceux-ci lui opposent un refus d'utiliser leur témoignage.

Patrice Burnat
[24 septembre 2005]

L'homme par qui le scandale arrive, celui qui, d'un petit coup de pied dans la statue, dérange tout l'édifice des souvenirs et des convictions, s'appelle Michaël Prazan. Son livre – Pierre Goldman, le frère de l'ombre (Le Seuil) – lui vaut aujourd'hui les foudres de bien des «anciens combattants» des années 60-70 : âgé de 35 ans tout juste, devait-il vraiment aller fouiller dans les recoins d'une enquête vieille de trente-six ans ? «J'avais le droit, moi aussi, de me pencher sur cette époque, en historien et sans parti pris, proteste-t-il. Je suis, moi aussi, d'une famille d'origine juive polonaise et je n'ai pas essayé de «coincer» Pierre Goldman. On me reproche, en fait, d'avoir rapporté des choses que l'on m'a dites...»

Ce qu'«on» lui a dit, au détour de son enquête, c'est que Pierre Goldman aurait très bien pu se trouver boulevard Richard-Lenoir, à Paris, le 19 décembre 1969, et plus précisément dans cette pharmacie où deux pharmaciennes avaient été tuées au cours d'un hold-up manqué. Un double meurtre qu'il nia jusqu'au bout, muni d'un alibi désormais sérieusement mis à mal. ll était, certes, passé ce jour-là rue de Turenne, chez son ami Joël Lautric. Mais pas à 20 heures, comme l'avait retenu le dossier : à 18 heures, en fait, ce qui change tout.

«Joël Lautric traînait cette histoire depuis plus de trente ans, explique Michaël Prazan, et j'ai vraiment eu l'impression qu'en parler le soulageait enfin. Découvrir cette vérité-là ne m'a pas amusé : moi, j'avais envie que Goldman soit innocent ! Fallait-il rapporter ce fait, qui ne prouve pas une culpabilité mais qui ne va évidemment pas dans le sens de l'innocence ? Je ne me suis pas senti le droit de le cacher. Depuis, on me traite de «Dieudonné», je suis victime de pressions, des lettres circulent pour demander l'interdiction d'un documentaire que je prépare pour France 3... Résultat, pratiquement tous les témoins que j'avais filmés refusent désormais d'apparaître dans l'émission.»

Parmi ceux-là, le journaliste Marc Kravetz, ami intime de Pierre Goldman et qui se battit énergiquement pour lui dans les colonnes de Libération. Il admet avoir reçu une lettre de Christiane Goldman, la veuve de Pierre, aussitôt après avoir lui-même lu le livre de Prazan. «Elle m'expliquait toutes les horreurs qu'il fallait en penser, dit-il. Grosso modo, toute la tribu Goldman interdisait qu'on en parle. Moi, j'avais trouvé ce bouquin plutôt bien, malgré quelques erreurs factuelles. A la relecture, je suis nettement moins positif, particulièrement en ce qui concerne l'enquête sur les meurtres des pharmaciennes et sur l'assassinat de Goldman. Lautric a changé de version, et alors ? Il en a changé douze fois et ce qu'il disait n'a jamais pesé au procès, ni dans un sens ni dans l'autre.» Tout de même, pourquoi refuser d'apparaître dans le film de Prazan ? «Parce que tout ça ne me paraît pas sérieux : on ne peut pas isoler deux chapitres d'un livre pour en faire un film. Et puis, juridiquement parlant, cette affaire est close. Pour le reste, j'étais l'ami d'un homme que je ne renie pas, j'ai pris un parti que je ne renie pas non plus. Je ne comprends même pas pourquoi on veut rouvrir ce dossier en 2005. Pour Seznec, oui, il y avait un enjeu. Là, il n'y en a pas.»

«Coupable ou non coupable, finalement je m'en fous, assène de son côté Pierre Bénichou. Je garde tous mes sentiments pour Pierre Goldman, qui était un peu le Genet de notre génération, un personnage d'une intelligence fulgurante – et aussi d'un humour formidable.» Lui non plus n'apparaîtra pas dans le documentaire de France 3. Il a apprécié le travail de Prazan, pourtant – «un garçon sympa, une bonne approche, pour de bonnes raisons». Mais il y a ce chapitre Lautric... «Cette révélation n'en est pas une, elle est inepte, sans intérêt. Lautric n'est qu'un petit voyou qui ne sait jamais très bien où il en est : pourquoi lui donner tant d'importance ? Moi, j'avais parié sur l'innocence et j'y crois toujours. Et si j'ai décidé qu'on ne me verrait pas à la télé, c'est parce que toute cette histoire fait de la peine à la famille Goldman.»

Lautric, lui, livrera sa conviction aux téléspectateurs... Si toutefois le film de Prazan parvient au stade de la diffusion. L'année dernière, France Culture, qui préparait un dossier sur le même thème, avait finalement dû renoncer.

24 septembre 2005

un livre à lire

dilemme_turc_pBien que la Turquie refuse toujours de reconnaître la République de Chypre et occupe le nord de l’île, soit une partie de l’Union européenne, les chefs d’État de l’UE, Tony Blair en tête et la Commission de Bruxelles, s’apprêtent à ouvrir les négociations d’adhésion de la Turquie à l’Europe, le 3 octobre 2005, ainsi que cela avait été convenu lors du sommet de Bruxelles du 17 décembre 2004. Il est vrai que la Grande Bretagne, qui préside l’Union depuis le 1er juillet 2005, a fait de l’adhésion de la Turquie dans l’Europe l’une de ses priorités, en dépit même des réticences grandissantes formulées ces derniers mois par la France, la Grèce, Chypre et l’Autriche. Quoi qu'il en soit, rien n’est irréversible et le débat sur la Turquie dans l'Europe ne fera de toutes façons que commencer après l'ouverture de négociations que l'on sait d'avance longues et difficiles.

Il est vrai que plus que tout autre nouveau candidat à l’entrée dans l’Union européenne, la Turquie pose à l’Europe un réel problème existentiel : étant donné que la Turquie n’est pas européenne, ou du moins qu’il s’agit du premier Etat candidat dont l’européanité est plus que discutée, la candidature turque oblige pour la première fois l’UE à se poser de vraies questions géopolitiques concernant son identité, ses limites géographiques et civilisationnelles, son avenir, son développement et son projet.
Le débat relancé sur la Turquie dans l’Europe est également une formidable occasion offerte à ce pays, pont entre l’Orient et l’Occident, pour faire le point sur lui-même, sur son identité, ambivalente et complexe.

Car la Turquie est fondamentalement un pays déchiré, entre, d’une part, un Ouest prospère et une élite occidentalisée adhérant plus ou moins à l’idéologie officielle laïque héritée du Kémalisme, puis, d’autre part, un Est-anatolien islamo-asiatique majoritaire, tourné vers le Moyen-Orient. Ces « deux faces de Janus » de la Turquie ayant toutes deux voté pour un parti politique islamo-conservateur, durablement ancré dans la vie politique du pays depuis 2002 et issu d’un mouvement islamiste radical en progression constante depuis les années 80...

Dans le contexte international de la lutte contre le terrorisme islamiste, et après les terribles attentats de Madrid puis de l’été 2005 à Istanbul, à Londres et à Charm al Cheikh, cette Turquie à la fois candidate à l’UE et de plus en plus sensible aux sirènes de l’islam politique, ne cesse d’inquiéter non seulement les opposants à sa candidature et les Européens en général, mais aussi les forces vives militaro-kémalistes qui craignent que les Islamistes utilisent les réformes démocratiques européennes dans le but de démanteler les derniers freins à l’islamisation que sont les prérogatives politiques de l’armée et les structures du kémalisme.
Tenant compte à la fois de cette inquiétude légitime et des aspirations contradictoires des milieux politiques turcs rivaux (islamistes tactiquement pro-européens versus kémalistes-militaires de plus euro-sceptiques), Alexandre del Valle et Emmanuel Razavi s’attachent à présenter dans ce nouvel essai un tableau concret de la Turquie, vue par elle-même, dans tous ses contours et en dehors des sentiers battus du politiquement correct ou du romantisme orientaliste : celui des élites prestigieuses et des universités tournées vers l’Occident et la démocratie, mais aussi celui d’un pays qui continue de nier le génocide arménien, qui rechigne à accorder des droits équitables aux minorités non-musulmanes, lesquelles placent de ce fait tous leurs espoirs dans l’Europe, et qui a du mal à allier respect des droits de l’homme et démocratisation. Une nation fière, au nationalisme intransigeant, qui demeure ancrée dans ses traditions anatoliennes, et dont la population se sent souvent plus proche des pays islamiques que de l’Europe chrétienne, la grande mode actuelle étant au retour de «l’ottomanisme».

Au réalisme argumenté des réflexions géopolitiques d’Alexandre Del Valle, spécialiste reconnu, s’ajoute le regard journalistique d’Emmanuel Razavi. Les reportages et les observations sur le terrain sont alimentés par des témoignages précieux d’hommes politiques, intellectuels, et de minorités turques, rarement présentes dans le débat.
Une analyse sans concessions de la Turquie, telle qu’elle est en 2005 !

Alexandre Del Valle est chercheur en géopolitique. Il collabore régulièrement à de nombreuses publications et est l’auteur de plusieurs essais traitant de relations internationales, dont le très remarqué Totalitarisme islamiste à l’assaut des démocraties, Syrtes, 2000, et La Turquie dans l’Europe, un cheval de Troie islamiste, Syrtes, 2004.

Emmanuel Razavi est journaliste. Il collabore avec Paris Match, le Fig mag et Valeurs Actuelles en tant qu’envoyé spécial au Moyen-Orient. Il a été nominé pour le prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre, à propos d’un reportage sur l’Afghanistan et Ben Laden.

Format : 14 X 22,5
Épaisseur du dos : 21 mm
Couverture : Sargologo
Crédit Photo : © Alex Webb/Magnum
ISBN : 2-84545-116-4 ; distributeur : Sodis: 975664.5
Prix : 22€

23 septembre 2005

Le Rioufol de la semaine

Le bloc-notes

Ivan Rioufol (irioufol@lefigaro.fr)

[23 septembre 2005]

Questions sur le droit du sol

Les maîtres censeurs (suite) (1). Cette fois, ils s'en sont pris à François Baroin, ministre de l'Outre-Mer, qui, dans le dernier Figaro-Magazine, a remis en question le droit du sol appliqué à certains départements d'outre-mer confrontés à une immigration clandestine menaçant la cohésion sociale. Passons sur les indignations rituelles des professionnels de l'antiracisme, agitant le chiffon d'une «course à l'extrême droite». Plus intéressant est de constater que Baroin et l'UMP, venue le soutenir, ont tenu bon devant les donneurs de leçons.

Le droit du sol offre à celui qui est né en France, de parents étrangers, la possibilité d'obtenir à terme la nationalité ; elle lui est acquise automatiquement si l'un de ses parents est né en France. Ce système généreux se prête néanmoins aux détournements, notamment grâce aux mariages blancs et aux états de fait. Aujourd'hui, pour de nombreux déshérités, la qualité de Français attire moins pour ce qu'elle représente d'idéal que pour ce qu'elle offre en protections sociales.

Le conformisme politique aimerait dissimuler cette attirance platement utilitaire, qui peut conduire à devenir français en ignorant la France. Cependant, les belles âmes ont beau brandir leur «humanisme» pour tenter d'«évacuer des débats» (2) ce problème et de disqualifier ceux qui l'abordent, l'accumulation des cas force à s'interroger sur cette nouvelle francité creuse : un discernement conforme aux attentes de ceux qui n'entendent plus rien aux slogans pavloviens des Comités de salut public.

En s'attaquant au tabou du droit du sol, Baroin fait oeuvre utile. Il invite à poser de bonnes questions, à l'heure où l'immigration non voulue peut devenir un risque pour l'équilibre démographique et un défit pour la souveraineté. Ces cas de figure se retrouvent à Mayotte et en Guyane, où plus d'un habitant sur quatre est un étranger en situation irrégulière. La maternité de Mamoudzou, à Mayotte, est devenue la première de France avec 7 500 naissances par an. 80% des mères y sont en situation irrégulière.

Il faut écouter les élus locaux. Antoine Karam, président (PS) du conseil régional : «Nous sommes au bord de la rupture de l'équilibre sociologique de la population guyanaise» (3). Mansour Kamardine, député (UMP) de Mayotte : «Mayotte croule sous le poids de l'immigration et est en train de sombrer» (4). Certains, comme le sénateur Georges Othily, n'hésitent pas à parler de «génocide par substitution du peuple guyanais», tandis que d'autres dénoncent des «invasions».

Le mur bétonné du politiquement correct est en train de rompre sous la pression des réalités. Les citoyens des DOM souffrent de l'immigration imposée et posent crûment le problème inabordable du contenu de la nationalité. Un tel sujet mérite mieux que les cris d'orfraie des moralistes du moment. «L'UMP doit débattre de tout», a répondu pour sa part le porte-parole de ce parti, Luc Chatel. Hier, François Bayrou, président de l'UDF, a également jugé la réflexion «sérieuse». La droite, naguère si peu téméraire, a enfin décidé de dire m... au terrorisme intellectuel. Le plus dur est fait.

«L'esprit d'une nation»

Le droit du sol n'est pas un principe sacro-saint. Quand il est à l'origine des désordres décrits dans certains départements d'outre-mer, il est légitime qu'une réflexion s'engage. L'UMP n'a pas dit autre chose, lorsqu'elle a déclaré, lundi, qu'il n'était «pas question de remettre en cause le principe du droit du sol, mais de l'adapter». François Baroin, proche de Jacques Chirac, avait déclaré précédemment : «Le droit du sol ne doit plus en être un.» Mais cette réflexion doit aussi s'engager concernant la métropole elle-même.

Jean Daniel, intellectuel de gauche, avait fait une juste remarque quand il avait écrit en 2002 dans son hebdomadaire, Le Nouvel Observateur (5) : «Le droit du sol sans intégration, c'est la porte ouverte au communautarisme et à la ghettoïsation.» Or, la faillite de l'intégration d'une partie de la population extra-européenne est établie. Ce constat autorise, dès à présent, à se poser la question du devenir de l'unité nationale. En France aussi, la nationalité n'est parfois vécue que comme une procédure administrative donnant accès à des droits.

Se dirige-t-on vers une défrancisation de la France ? C'est la question iconoclaste à laquelle il faut répondre, dans la foulée des interrogations lancées par Baroin. Alors que Montesquieu invitait à «être attentif à ne point changer l'esprit général d'une nation» (6), l'ampleur du communautarisme et de la ghettoïsation pousse à s'interroger sur le risque «d'abandon d'une certaine originalité française», pour reprendre une inquiétude soulevée par Dominique de Villepin, mardi, devant les députés de l'UMP réunis à Evian.

Le doit du sol a produit le meilleur en permettant à la France de s'ouvrir aux autres, tout en préservant sa propre originalité. Appliqué dans son automaticité à une immigration de masse insouciante de l'hôte, il peut produire le pire. C'est-à-dire, une identité nationale bradée et regroupée sous le qualificatif, devenu vide de sens, de «Français». Ces nouveaux «Hexagonaux» existent déjà, ici et là, indifférents à l'âme de la nation. Qu'en serait-il à la fin de ce siècle ?

Le tintouin de la bien-pensance – qui partage avec l'extrême droite son goût pour l'insulte et l'exclusion – ne peut plus faire taire les voix de ceux qui, face aux désastres annoncés des repliements ethniques, s'interrogent sur les limites à apporter au droit du sol ou sur les exigences qui devraient accompagner celui-ci. Cela afin que les nouveaux compatriotes aient encore à voir avec cette «douce France» reconnaissable à ses qualités et défauts collectifs, hérités d'une histoire acceptée de tous.

Indécentes querelles

Face à de tels enjeux concernant l'avenir de la France, les querelles de personnes qui s'affichent au sein de l'UMP, dernièrement entre Jean-Louis Debré et les lieutenants de Nicolas Sarkozy, sont indécentes. Le mépris porté par le président de l'Assemblée nationale au ministre de l'Intérieur et président de l'UMP participe à la dégradation de l'image que donnent d'eux-mêmes les hommes politiques. A regarder la majorité se tirer dans les pattes – mais la même remarque peut être faite pour la gauche – les citoyens vont avoir du mal à trouver des raisons d'accorder à nouveau leur confiance aux grands partis, qu'ils ont désavoués le 29 mai en refusant de les suivre sur le référendum. Alors que le peuple se révèle de plus en plus clairvoyant sur les grands sujets de société, ses représentants donnent encore le sentiment de ne s'intéresser qu'à eux-mêmes, au détriment des mutations qui balayent ce siècle.

«Flou remarquable»

Je reviens un instant en arrière : l'application mise par la gauche à dénoncer les propos «scandaleux» de François Baroin – propos admis en revanche par l'UMP et l'UDF – montre à quel point elle est prisonnière d'un esprit mécanique, incapable de s'adapter aux réalités. Quand Laurent Fabius répète, judicieusement, qu'il faut «écouter les Français», on aimerait l'entendre sur le sujet périlleux de la nationalité, dont nombre de citoyens perçoivent les limites. Sa critique, émise hier à Nevers, du «flou tout à fait remarquable sur des sujets majeurs» du programme de son concurrent François Hollande, peut lui être aisément renvoyée.

Le courage de Kébir Jbil

A signaler : la courageuse prise de position du Mouvement des Maghrébins laïques de France et de son président Kébir Jbil, après la mise en garde controversée de Philippe de Villiers contre une «islamisation de la France» (1). Si ce mouvement proche de la gauche se garde évidemment de soutenir la politique de Villiers, il reconnaît la pertinence de l'analyse du président du Mouvement pour la France. Jbil : «Nier la progression de l'islam en France depuis trente ans relève de l'amnésie, du mensonge ou de l'inconscience (...) En tant que musulman, j'affirme que l'islamisme ne peut naître que de l'islam. En tant que musulman, j'affirme que l'intégrisme musulman ne peut naître que de l'islam. En tant que musulman, j'affirme que l'islamisme est générateur de terrorisme et je défie quiconque de me démontrer le contraire (...) Nier cette réalité est avant tout prendre position contre la majorité des musulmans lucides qui n'aspirent pas au djihad, et privilégier la takia largement utilisée par les islamistes : faire la guerre en feignant de promouvoir la paix.»

(1) Bloc-notes de la semaine dernière. (2) Expression du ministre Azouz Begag, entendue dimanche sur France 5. (3) Le Monde, 20septembre 2005. (4) Le Figaro, 20septembre 2005. (5) Le 19décembre 2002, déclaration déjà citée. 6) De l'esprit des lois, LivreXIX, chapitreV.

22 septembre 2005

On ne badine pas avec la réalité...

ABC / Denuncian a la productora y la cadena por humillarla

¿El Reality Show la llevo al suicidio?

Por Elena de Regoyos - Periodista Digital

Jueves, 22 de septiembre 2005

¿Por fea? Más bien por humillación pública. Kellie McGee vivía acomplejada con su físico y el Reality Show de la cadena estadounidense ABC "Extreme Makeover" le prometió convertirla en una princesa a través de la cirugía estética. Sus hermanas y ex marido fueron entrevistados por el programa despreciando la apariencia de la concursante, lo que quedaría muy bien televisivamente pensando en comparar esos comentarios con los que harían, en positivo,  tras la cirugía. Pero surgió un imprevisto...

Ahora Kellie está muerta, y su hermana, Deleese Williams, alega que los productores del programa sometieron a su hermana a una terrible humillación por medio de insultos a su aspecto físico, estimulando a McGee a cometer el suicidio.

Según informa su hermana, un psicólogo y diversos médicos dijeron a su hermana que necesitaba nada menos que "un lifting en los ojos, cirugía en las orejas, un implante de barbilla y silicona en los pechos, además de una cirugía dental para romper y recolocar su mandíbula para que la transformación diera buenos resultados".

Kellie estaba emocionada con la vida que le esperaba tras convertirse en toda una belleza, pero horas antes de la cirugía dental todos sus sueños se esfumaron. Cancelaban su participación en el programa  porque el tiempo de recuperación de la cirugía no encajaría en el cronograma del programa.

Su hermana Deleese cuenta que Kellie volvió a su casa, en Texas, destrozada. Cuatro meses después se suicidó. Ahora Deleese Williams ha procesado a la ABC y su empresa colaboradora, The Walt Disney Co., por ruptura de contrato, imposición deliberada de estrés emocional y negligencia.

La ABC, que alega que todos los participantes saben que pueden ser excluidos del proceso, hizo llegar sus condolencias a la familia de McGee por su muerte.

22 septembre 2005

Protegeons nos tout petits (Le Figaro, 22 septembre 2005)

SOCIÉTÉ Le cri d'un pédiatre à l'occasion de la Conférence de la famille qui se tient aujourd'hui sous la présidence du premier ministre
Protégeons nos enfants !

PAR EDWIGE ANTIER *
[22 septembre 2005]

Aujourd'hui, le professeur Robert Debré doit se retourner dans sa tombe ! Lui qui avait dédié sa vie entière à la protection de l'enfance serait sidéré de l'incapacité de notre pays à protéger ses enfants, un pays comme tétanisé depuis 20 ans. Je crains que la Conférence de la famille, rituellement réunie cette semaine, ne rende encore qu'un constat d'impuissance, assorti de mesurettes permettant aux acteurs de l'enfance de protéger non pas les enfants mais le pré carré de chacun.

Pourquoi personne ne s'intéresse à l'environnement de l'embryon ?

Est-il admissible que personne ne se pose la question d'une étude épidémiologique des enfants atteints de malformations ? Qu'aucun questionnaire ne soit remis aux futures mamans pour savoir quels produits cosmétiques ou d'entretien elles utilisent, quelles eaux elles boivent, quelles régions elles ont habitées depuis leur enfance ?

Est-il admissible qu'une autopsie ne soit pas obligatoire chez tout bébé mort dans son berceau, et qu'on accepte, pour un tiers d'entre eux, le diagnostic de «mort subite» sans vérification ?

Est-il normal que l'on se résigne devant l'absence de transmissions entre les tribunaux et les services sociaux, enterrant ainsi les dossiers d'enfants victimes de maltraitance qui se répéteront dans la fratrie sans surveillance ?

Est-il acceptable ce laxisme qui fait que, faute de contrôler les certificats des visites médicales pourtant obligatoires, on laisse un enfant sans soins mourir de dénutrition ?

Est-il acceptable que les placements de l'Aide sociale à l'enfance aboutissent à laisser à la charge de la société, en fin de parcours, tant de jeunes adultes violents, asociaux et illettrés ? Faute d'évaluations de pratiques d'un autre âge.

Est-il honorable que la parole de l'enfant ne soit pas entendue, voire diabolisée parce qu'aucune formation n'est donnée aux intervenants judiciaires et sociaux qui ont la charge de l'entendre ; que les premières paroles de l'enfant, les seules qui livrent sa première et précieuse vérité, ne sont pas gravées dans une pellicule ? La France qui, avec non seulement Robert Debré mais aussi Françoise Dolto, a eu de si grands pédiatres et psychanalystes pour défendre le droit de l'enfant d'être entendu, ne méritait pas tant d'incurie leurs voix éteintes.

Mais la violence faite aux enfants commence au berceau. Pourquoi accepter que tant de mères partent travailler le coeur serré en laissant leur enfant dans des mains non déclarées non qualifiées ? Un enfant sur dix a une place en crèche, presque la moitié des petits de moins de trois ans sont «dans la nature» confiés on ne sait à qui... sauf à aller voir autour des bacs à sable ! Des mesures colossales ont été prises pour inciter les entreprises à créer des berceaux près du lieu de travail, permettant aux salariés de travailler le coeur en paix, mais les entreprises sont timorées.

Et je n'ai pas parlé des petites violences ordinaires, quotidiennes, faites à tous nos enfants. Bien sûr les images pornographiques qui entrent par tous les tuyaux de leurs ordinateurs, disposés dans l'intimité de leur chambre par des parents bien intentionnés ; et les films interdits aux moins de 16 ans largement diffusés sur le petit écran en première partie de soirée.

Quant aux enfants handicapés, victimes aussi des querelles de chapelles entre les psychanalystes, les comportementalistes et les éducateurs, ils sont laissés dans un abandon qui pousse chaque parent meurtri à créer son association, dans l'espoir de bousculer la cynique indifférence des administrations. Mais, sur la durée, c'est elle qui les rattrapera au tournant. Que peuvent faire des parents seuls devant le temps et l'énergie que demande la rééducation d'un enfant handicapé ?

Manque de moyens ! dira-t-on, comme toujours en France. Absolument pas ! Notre pays est généreux, heureusement, lorsqu'il s'agit de ses enfants ! Le budget de l'Aide sociale à l'enfance est colossal : 5 milliards d'euros, le deuxième budget des départements. Une enveloppe dédiée aux 270 000 enfants placés. Autant dire un budget colossal par enfant, pour un résultat souvent catastrophique.

Pas étonnant dans ces conditions que 100 personnalités aient publié une protestation contre l'état de la protection de l'enfance. Et qu'à la base, les professionnels de l'enfance, les éducateurs, les assistantes sociales soient découragés.

Certains, surmenés, y laissant leur peau, leurs globules, quand ils ne perdent pas leur foi, tandis que d'autres sont lassés. Tous sur le même plan, tous dans la même opacité, tous sans boussole. Les vocations s'usent ! Nous sommes incapables de dire combien d'enfants sont en danger dans notre pays, incapables de dire par combien de familles et de centres sont passés certains adolescents confiés à l'ASE, incapables de dire quel est le meilleur choix entre le suivi (quel suivi exactement ?) dans la famille et le placement, entre le placement familial et l'institution.

Que faire ? Plus de moyens, non. Plus d'organismes, sûrement pas ! Les initiales multiplient à l'envi un dédale incompréhensible aux familles dans lequel se perd toute velléité d'efficacité sur le terrain ! Et chacun de déplorer, puis de proposer un catalogue de mesures qui se perdent dans les tiroirs des autres. Pendant que les enfants pleurent, et que certains en meurent.

Il faut que le Défenseur des enfants, autorité indépendante, ait une possibilité d'intervention transversale lorsqu'il s'agit de saisir la justice, l'école ou la santé. Doté des moyens pour auditer les dispositifs de protection de l'enfance, comme le demande si justement Claire Brisset, il devrait pouvoir interpeller et contrôler les dispositifs départementaux de façon à coordonner leurs pratiques et à les valider. Il devrait pouvoir faire appel des décisions judiciaires concernant un enfant, être entendu sur l'intérêt de l'enfant en cas de séparation parentale, représenter l'enfant handicapé dans les commissions décidant de son orientation, et recevoir chaque année un rapport des communes précisant le nombre de berceaux ouverts pour la garde des enfants. De façon à obtenir en 6 ans autant de places de garde que de nouveau-nés dont la mère travaille. Chaque année, la comparaison avec les autres politiques européennes et nord-américaine devrait précéder une réunion de consensus au plan national des structures sociales et judiciaires. En association avec l'Unicef, il affinerait les critères exigés pour l'obtention du label «Ville amie des enfants» et le publiciserait.

Le sens donné à la vie par l'enfant est tel que le combat pour l'homoparentalité bat son plein. Le nombre est de plus en plus grand d'homosexuels qui élèvent un enfant sans statut. Il est temps que le Pacs soit prolongé d'un statut permettant aux homosexuels d'être «parrains» d'un enfant, pour que ceux-ci ne vivent plus dans l'omerta.

Les Français veulent plus d'enfants : 3 en moyenne au lieu de 2. Le message «Le bébé est une personne» a donné sa noblesse à l'enfant. Puisqu'il n'est plus un tube digestif, il devient noble de s'en occuper même pour un homme ! Dès lors, c'est la transmission de la filiation qui donne sens à la vie, il faut absolument encourager cet élan !

* Pédiatre, diplômée en psychopathologie de l'enfant. Dernier ouvrage : Dolto en héritage. Tout comprendre, pas tout permettre (collection «Réponses», Robert Laffont/France Inter, 2005).

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