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alcazar451
19 septembre 2005

Célibat or not celibat...

Dogme: Le célibat des prêtres toujours justifié ?   

par Jérôme Anciberro – TEMOIGNAGE CHRETIEN

Discipline: A peine arrivé à la tête du diocèse d’Agen, Hubert Herbreteau a dû s’atteler à la délicate question des prêtres pères de famille.

Les faits

Deux prêtres catholiques, Bernard Chalmel, 58 ans, chargé de la paroisse de Villeneuve-sur-Lot, et Pierre Brignol, 60 ans, responsable de celle de Port-Sainte-Marie (Lot-et-Garonne), ont rendu leur charge de curés à l’évêque d’Agen, Hubert Herbreteau, au début du mois de septembre. Les deux hommes, dont la paternité, respectivement de deux enfants de 9 et 7 ans, et d’une fille de 16 ans, aurait été découverte à la suite d’une enquête interne, ont été invités par leur évêque « à prendre un temps de recul et de réflexion pour leur avenir » . L’évêché a également annoncé qu’ils seraient soutenus sur les plans spirituel, psychologique et financier sur une période d’un an.

L’analyse

« ...Et il y a ceux qui se sont eux-mêmes rendus eunuques à cause du Royaume des Cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne ! » (Matthieu 19,12) Assurément, ils sont de nos jours de moins en moins nombreux ceux qui réussissent à comprendre les raisons invoquées par l’Église catholique pour justifier le célibat des prêtres. D’ailleurs, quelles sont-elles, ces raisons ? Un document de 1994 publié par la Congrégation des évêques, le Directoire pour le ministère et la vie des prêtres, détaille, dans quelques-uns de ses articles, cette délicate question.

Du point de vue théorique, il est dit que le prêtre est « configuré à Jésus-Christ, Tête et Époux de l’Église » . Le prêtre est comme marié à l’Église et toute relation amoureuse avec une femme peut donc, en toute logique, être considérée comme un adultère. Cette analogie très catholique se retrouve pour la question de la paternité. Pas question évidemment pour un prêtre d’être père « selon la chair » d’un enfant. En revanche, il peut et doit affirmer sa « fécondité » sur le plan spirituel. Du point de vue pratique, le célibat permet une plus grande disponibilité. Le prêtre est censé pouvoir se consacrer entièrement à son sacerdoce, sans en être détourné par ses obligations familiales. Le célibat, toujours selon le Directoire, ne doit pas être considéré comme un tribut à payer, mais comme un don que Dieu accorde à ceux qu’il choisit pour être prêtres et qui doivent prendre le temps du discernement avant de s’engager librement au sacerdoce.

Sentiment de culpabilité

Reste que les objections au célibat des prêtres sont nombreuses. On sait que l’Église romaine accepte en son sein des prêtres mariés. C’est le cas des prêtres catholiques de rite maronite, byzantin ou ukrainien. Et même pour le rite latin, des prêtres anglicans ou des pasteurs protestants mariés devenus catholiques se voient accorder des dérogations à l’obligation de célibat. Est-ce à dire que ces prêtres-là ne sont pas « configurés à Jésus-Christ » ? Les historiens montrent par ailleurs que la règle du célibat a mis du temps à s’imposer. Ce n’est qu’à partir du IVe siècle qu’elle devient partie intégrante de la loi de l’Église, sous l’influence du monachisme. Ce qui ne veut pas dire que cette loi soit parfaitement suivie. De très nombreux prêtres continueront de vivre avec leurs femmes, de se marier et de faire des enfants. On compte même quelques papes mariés et pères de famille comme Félix III (483-492), Sylvère (536-537, lui-même fils de pape !), Clément IV (1265-1268)… Ce n’est qu’à partir de la contre-Réforme et de la création des séminaires que le célibat se généralise vraiment.

L’épisode du diocèse d’Agen nous rappelle que la question reste cependant d’actualité. L’Église, officiellement « experte en humanité » selon Paul VI, continue de donner l’impression de ne considérer la chose que sous l’angle spirituel de la rupture d’engagement. Ce qui lui permet de s’apitoyer publiquement sur la souffrance de ces prêtres et de leurs familles, sans aborder certaines questions comme, par exemple, celle de la pertinence de l’engagement à vie. Contactée par TC , Marthe, une responsable de l’association Plein Jour, qui rassemble des compagnes de prêtres, s’interroge : « J’ai l’impression que la hiérarchie s’accommode bien de cette situation qui entretient le sentiment de culpabilité des prêtres qui “fautent” et permet à certains autres de se persuader d’être des êtres à part. Franchement, vous pensez que c’est sain, ça ? Vous pensez que c’est évangélique ? »

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