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alcazar451
16 septembre 2005

Le bloc notes d'Ivan Rioufol du 16/09

Le bloc-notes d’Ivan Rioufol [16 septembre 2005]

Sujets interdits

Les maîtres censeurs reviennent à la charge. Cette fois, ils s'en prennent à Philippe de Villiers qui a mis en garde, dimanche, contre une «islamisation de la société française». SOS-Racisme et la Licra se sont indignés de ces propos de campagne, contre lesquels le Mrap a déjà engagé une action en justice pour incitation à la haine raciale. Le Parti socialiste a dénoncé des «dérapages sémantiques inacceptables», demandant à la droite parlementaire de s'en «démarquer». Les Français n'auront-ils donc jamais le droit de pouvoir tout entendre ?

Personne ne bronche lorsque la secrétaire générale du PCF, Marie-George Buffet, déclare, le week-end dernier (1) : «Moi, je défends un projet communiste», en dépit des millions de morts causés par cette idéologie liberticide. En revanche, la gauche «humaniste» trouve insupportable d'entendre : «Une France ethnique, fragmentée, s'installe en lieu et place de la France une et indivisible. Cet apartheid à la française fait le lit de l'islam radical. Il nous conduit tout droit à la guerre civile ethnique» (Villiers).

Le président du Mouvement pour la France, candidat à l'élection présidentielle, parle sans nuance. Mais il devrait pouvoir exposer ses arguments sans être diabolisé. Le refus de la gauche d'entendre son diagnostic fait douter de sa capacité à le contredire. C'est ce terrorisme intellectuel qui a pétrifié les débats. Or les citoyens ne veulent plus de ces conformismes. Les nonistes l'ont dit le 29 mai, en refusant de céder aux procès en «xénophobie» et en «démagogie» ouverts contre eux.

En reprenant son rôle de gendarme de la pensée, la gauche néglige l'exaspération de l'homme de la rue. Il attend de ses représentants qu'ils se posent les questions interdites. Celle ayant trait à l'islam radical et à son expansion dans des cités et des mosquées n'est pas des moindres. Villiers aurait pu insister sur ces nombreux Français d'origine musulmane qui ne se reconnaissent pas dans la loi islamique et qui vivent en harmonie avec la nation. Mais sa description d'un communautarisme coranique est un constat recevable.

Les pratiques consistant à dénoncer ou poursuivre des propos incorrects viennent heurter une France en passe de se libérer de ses tabous. Il est anormal que des écrivains comme Renaud Camus ou Maurice G. Dantec passent pour des pestiférés, ou que Jean Raspail comparaisse, ce vendredi, en correctionnelle à Paris, poursuivi par la Licra pour avoir écrit, dans Le Figaro (17 juin 2004), une tribune («La patrie trahie par la république») dans laquelle il envisageait une reconquista menée par les derniers représentants de «l'espèce française».

Les problèmes posés par l'islam, qui n'est pas une idéologie de partage du pouvoir, ne peuvent être niés. Charles de Gaulle les décrivait ainsi (2) : «Ceux qui prônent l'intégration (ndlr : des musulmans d'Algérie) ont une cervelle de colibri (...). Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau (...). Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ?» Censurer ces propos ?

Nécessaire réforme

Désolé de me répéter : la clef de la cohabitation entre l'islam et la République est entre les mains des musulmans modérés. Il y a treize ans, le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, affirmait (3) : «Il ne peut y avoir de communauté musulmane en France que dans l'union fraternelle édictée par la charia (la loi islamique)». Un tel commentaire, refusant un «gallicanisme musulman», serait aujourd'hui impensable de sa part. Ce qui démontre que l'islam sait évoluer pas à pas. Mais il doit être incité à aller plus loin encore.

C'est l'écrivain Djaouida Jazaerli qui constatait, lors d'un colloque organisé par l'Institut de géopolitique des populations, en novembre 2004 : «La France se trouve face à sa communauté musulmane qui, à travers ses porte-parole, demande, sinon exige, une acceptation pure et simple. Le musulman demande à être accepté tel qu'il est, avec ses rites et ses lois (...). Il est extrêmement urgent de prendre en considération l'inquiétude et, parfois, l'exaspération des populations d'accueil. Des signes de rejet apparaissent ici et là.»

La nécessaire réforme de l'islam est défendue par de nombreux intellectuels musulmans. L'écrivain britannique Salman Rushdie appelle ainsi à une «réformation» de sa religion pour sortir des diktats des «islamo-fascistes». «L'islam traditionnel est une vaste institution qui rassemble des millions d'hommes et de femmes tolérants et civilisés», a-t-il écrit dans le Washington Post (4). «Mais il comprend aussi un grand nombre d'êtres aux idées antédiluviennes sur les droits des femmes, l'homosexualité, la liberté d'expression, qui affichent quotidiennement leur antisémitisme.»

En interdisant, comme elle le fait, la moindre approche critique de l'islamisme, la gauche et les organisations antiracistes empêchent cette prise de conscience. Elles aggravent un peu plus le risque d'une fracture identitaire au sein de la société. Cet été, le commissaire européen à la Justice, à la Liberté et à la Sécurité, Franco Frattini, a invité les autorités musulmanes européennes à prendre des «engagements publics» en soutenant notamment la charte européenne des droits fondamentaux. Des exigences à renouveler.

«Sales Français !»

Le plus curieux est de constater que ceux qui se réclament bruyamment de la tolérance, du respect de l'autre et des différences se désintéressent de la manière dont les religions catholique et juive sont traitées. Sans parler de la France elle-même. Ceux-là auront beaucoup critiqué, l'autre mois, la décision du député François Grosdidier (UMP) de demander des poursuites – publicité inutile il est vrai – contre le rappeur Monsieur R pour sa chanson, FranSSe : «La France est une garce, n'oublie pas de la baiser jusqu'à l'épuiser comme une salope.» Les mêmes se seront félicités de la relaxe, en juin, des rappeurs du groupe Sniper, poursuivi par Dominique de Villepin, alors à l'Intérieur, pour avoir notamment chanté : «On n'est pas dupes, en plus on est tous chauds, pour mission exterminer les ministres et les fachos.»

Cette violence verbale n'est qu'un élément parmi les tensions qui sévissent au coeur des rapports sociaux, dont se plaignent aujourd'hui les personnels hospitaliers eux-mêmes. Vendredi dernier, Le Figaro a révélé que 20 000 voitures ont été brûlées en huit mois et que, lors de l'incendie mortel de L'Haÿ-les-Roses, les policiers ont dû protéger les pompiers des caillassages. Au cours de l'évacuation du squat de la rue de la Fraternité, le 2 septembre, un confrère a entendu des «Sales Français !». Une réalité confirmée par le rappeur Stomy Bugsy, samedi soir sur France 2, parlant de ces évacuations : «Si c'est comme ça que le gouvernement règle ses problèmes, qu'il ne s'étonne pas de se voir cracher à la face dans des quartiers sensibles.»

Nouveau visage

Cette fracture identitaire, qui s'élargit chaque fois un peu plus, n'est pas une vue de l'esprit, n'en déplaise aux adeptes du slogan, de la pensée lisse et des oeillères. La montée de l'insécurité et la banalisation des propos haineux et racistes portés contre le pays d'accueil autorisent des observateurs à s'en inquiéter, sans devoir être accusés de faire le jeu des «populistes». Il est, certes, exagéré de parler aujourd'hui de «risque de guerre civile ethnique». Mais il est tout aussi excessif d'assurer que cette éventualité reste improbable. Le «risque zéro» est devenu inatteignable.

Cependant, la nouvelle France multicolore, issue d'une immigration qui se perpétue, ne peut être ignorée davantage d'une république ayant largement ouvert sa nationalité. Et le ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances, Azouz Begag, pose une bonne question quand il interroge (5) : «Mais où est aujourd'hui la diversité ?» Pour lui : «La composante multicolore du pays sera banalisée dans les entreprises, les collectivités, lorsque l'on n'aura plus peur de désigner les Français de couleur.» Il faut, oui, davantage de Noirs, d'Arabes, de Kabyles dans les lieux de pouvoir, à la télévision, etc. A quoi bon dissimuler le nouveau visage de la France ?

Recteurs sanctionnés

Dans le bloc-notes du 1er juillet, je signalais deux sujets proposés au baccalauréat, révélant l'état d'endoctrinement de l'Education nationale : l'un invitait à argumenter en faveur de l'IVG et l'autre à dénoncer – à travers l'étude de la chanson Lily de Pierre Perret – le racisme et l'intolérance des Français. Hier, l'association SOS-Education a fait savoir que les deux recteurs responsables de ces sujets avaient été sanctionnés par Gilles de Robien, ministre de l'Education. L'un a été destitué et l'autre mis à pied.

(1)Le Monde, 10 septembre 2005.

(2) Cité par Alain Peyrefitte dans C'était de Gaulle, tomeI, Ed. De Fallois-Fayard.

(3) Le Monde, 14 avril 1992.

(4) Cité par Le Figaro des 13-14 août 2005.

(5) Le Monde, 11-12 septembre 2005.

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